« Tous ces volcans éteints semblent des chaudières fermées où chauffent encore, dans le ventre du sol des eaux minérales de toute nature. De ces grandes marmites cachées partent des sources chaudes qui contiennent tous les médicaments propres à toutes les maladies… »
A travers cette remarque de Guy de Maupassant, l’Auvergne apparaît presque comme un lieu de sorcellerie mystique, faisant bouillonner toutes sortes de potions magiques dans ses montagnes ! Plusieurs siècles plus tard, la fascination pour le thermalisme s’exerce encore, car l’eau entretient ses légendaires secrets de bien-être. Au-delà des vertus curatives, on semble enfin prendre conscience de l’immense richesse du patrimoine thermal. Architecture somptueuse, charme désuet, et style inimitable… Autant de raisons invitent à découvrir cet univers qui a choisi l’Auvergne comme terre d’élection.
Histoire du thermalisme
La culture thermale européenne date de l’Antiquité gréco-romaine. Elle tombe ensuite en désuétude. Le XIXe siècle et notamment le Second Empire marqueront un formidable essor des Villes d’Eaux qui deviennent des lieux mondains incontournables. Après la seconde Guerre mondiale, une nouvelle clientèle issue du tourisme de masse change peu à peu la physionomie des stations. Avec le remboursement des cures par la Sécurité sociale, le nombre de curistes augmente, mais la société mondaine déserte les Villes d’Eaux pour se tourner vers les stations balnéaires ou des destinations plus lointaines. A partir des années 90, le thermalisme connaît une crise qui pousse les stations à se réinventer. Aujourd’hui, si les villes thermales continuent à guérir, elles se destinent aussi aux curistes en parfaite santé. Surfant sur la tendance du bien-être, de la remise en forme et de la relaxation, elles remédient aux maux d’un siècle empli de stress et de tensions.
Eléments incontournables
Les villes thermales se structurent toutes autour de ce don précieux qu’est l’eau. Elles possèdent des éléments caractéristiques communs tels que les établissements thermaux, lieux de soin mais aussi d’accueil, richement décorés. Souvent accolées à ces monuments, les buvettes, qui présentent un aspect aussi social que curatif, sont des espaces de rencontre, à l’architecture souvent inspirée par les temples grecs. Les endroits dédiés à la détente sont aussi récurrents. Parcs et espaces verts ont ainsi été aménagés pour favoriser l’oxygénation du corps, la marche, dans un esprit ludique et convivial. Ils sont agrémentés, ça et là, de kiosques destinés aux concerts.
Les Casinos, avec salles de jeux, de théâtre et cafés, rappellent que le loisir est pleinement associé à la cure. Les Grands Hôtels ou Palaces surenchérissent dans le luxe et le haut de gamme. Souvent disproportionnés par rapport à l’environnement, ils témoignent d’une très grande capacité d’hébergement. Enfin, les Villas, érigées pour les notables de la station ou les riches curistes sont en périphérie du quartier thermal. Elles disposent d’une architecture éclectique mêlant le néo-gothique, néo-classique, le style flamand, russe, oriental…
Ces expérimentations de la Belle Epoque sont dues aux Expositions Universelles et à l’apparition de nouvelles technologies permettant d’utiliser des matériaux polychromes. Pour répondre aux attentes d’une clientèle mondaine, les architectes des Villes d’Eaux rivalisent d’ingéniosité et d’exotisme pour faire voyager les visiteurs. L’influence de l’Art Nouveau est ainsi très présente. Ce mouvement artistique, datant de la fin du XIXe siècle, début du XXe, est caractérisé par des lignes courbes, des tons pastels et irisés, une représentation de la nature et des animaux. Moins ornemental, le courant de l’Art Déco, aux formes géométriques, pures et dynamiques, représente aussi une source d’inspiration. D’une manière générale, mosaïque, ferronnerie d’art et verre se mêlent pour former les ensembles harmonieux et surprenants du patrimoine thermal.
