Période faste pour Stéphane Bonneau… Il obtient le titre honorifique de « Un des Meilleurs Ouvriers de France » en mai 2011 quelques mois avoir été désigné Maître d’art en novembre 2010, en récompense de son savoir-faire de modeleur sur porcelaine.
Déjà passionné de dessin et féru de sculpture dès la petite enfance, Stéphane Bonneau découvre la céramique à l’âge de 13 ans, et plus particulièrement la porcelaine. Il décide alors naturellement d’en faire son métier et obtient à 17 ans son CAP de modeleur en céramique. En examinant et écoutant ses aînés, il apprend les gestes et le savoir-faire de ce métier d’exception. Avec persévérance et intérêt, il s’initie et exerce son savoir dans diverses manufactures, et le met en application avec la même passion et la même énergie au sein de Bernardaud depuis 18 ans. En 2002, il part au Japon réaliser des démonstrations de gravure, durant ce voyage riche d’échanges il prend conscience de la rareté et de la valeur de son métier. En 2008, il devient responsable de l’atelier de modelage de la manufacture Bernardaud. C’est à lui désormais de transmettre cette même passion pour pérenniser ces techniques et ce savoir-faire.
Toute première phase de la fabrication d’une pièce en porcelaine, le modelage consiste à transposer en plâtre un projet dessiné et de réaliser le moule initial qui va permettre sa fabrication en série. À partir d’un simple croquis, d’un dessin (qui représente l’objet réalisé à l’échelle finale), le modeleur crée l’objet sous forme d’un volume de plâtre à l’échelle « taille cru », soit 14 % plus grand que la taille réelle de la pièce ; en effet, il faut anticiper le retrait que prendra la pièce après la cuisson. Le métier nécessite la maîtrise de différentes techniques comme le modelage, le tournage, le tournassage, le traînage, la gravure, la sculpture (relief ou bas-relief, en creux ou en bosse) ainsi que de modes opératoires dans toutes ses exécutions avec justesse, rigueur, patience, maîtrise dans la tenue des outils (lames, gouges, rectangles, tournasins…) pour accomplir parfaitement le geste qui forge le savoir-faire. Le modèle est donc un objet unique de référence. Il constitue une phase décisive de la réalisation qui requiert un savoir-faire et en fait un métier d’exception.
Modeleur chez Bernardaud depuis 18 ans, il est aussi, depuis 3 ans, responsable de l’atelier de modelage de la Manufacture. Son rôle est de superviser toute une équipe vouée à la mise au point de nouvelles formes, de veiller au bon fonctionnement de l’atelier et surtout de leur transmettre son savoir.
« À l’heure où beaucoup en France s’inquiètent d’une possible désindustrialisation, la reconnaissance de l’intelligence de la main est un enjeu important pour notre pays. Elle est un sujet central chez Bernardaud où la transmission et l’enrichissement du savoir tiennent une importance majeure. Nous ferons tout pour que la reconnaissance, méritée, du talent de Stéphane Bonneau suscite d’autres vocations au sein de notre entreprise. »
Michel Bernardaud
RECOMPENSES
Le concours du MOF dépend du Ministère de l’Education Nationale. Les projets à réaliser répondent à un cahier des charges précis d’une grande exigence puisqu’il n’y a de place que pour l’excellence. Stéphane Bonneau a présenté la réalisation d’une « applique en lithophanie (porcelaine non émaillée) avec une gravure sur le thème de la nature ». « Il m’a fallu approximativement 300 heures de travail pour sa réalisation. D’un point de vue technique, les dimensions devaient être précises à 5/10ème de millimètres prêts. Il s’agissait de montrer et mon savoir-faire technique et ma capacité de création grâce à cette gravure sur le thème de la nature… ».
Le titre de Maître d’art créé par le Ministère de la Culture et de la Communication est une distinction honorifique qui récompense tous les ans l’excellence et la maîtrise d’un savoir-faire exceptionnel. En 2010, douze professionnels ont été nommés au titre de Maître d’Art les obligeant à un devoir de transmission des connaissances à un élève durant 3 ans. « Un prix est toujours une preuve de reconnaissance qui n’a pas d’égal ; pour soi bien sûr mais aussi pour celui à qui vous allez transmettre votre savoir, cela apporte une valeur supplémentaire à son enseignement. Je m’aperçois aussi que le titre est reconnu de façon populaire, l’avoir change le regard des autres sur vous… »
Photos : Bernardaud