Image-a-la-une-Sylvie-Coquet

Sylvie Coquet, L’innovation au service de la tradition

Share on FacebookTweet about this on TwitterGoogle+

Les collections de Sylvie Coquet allient à la fois un savoir-faire d’excellence, une créativité unique et des techniques innovantes. Près de Limoges, dans son atelier-laboratoire, l’artiste-designer en porcelaine entourée de son équipe conçoit, réalise et décore à la main des objets en porcelaine d’un nouveau style.

  1. Vous travaillez avec des grands noms de la restauration internationale, comment s’inscrit cette collaboration ?

Les chefs ont des besoins précis. Notre collaboration commence lorsqu’ils créent une nouvelle carte, et qu’ils sont en recherche de contenants atypiques. Nos univers sont faits de passion et de créativité. Nous sommes dans le même état d’esprit, et je travaille avec des chefs étoilés toujours en quête de perfection et qui aiment ce qu’ils font, La première rencontre est avec le chef, sa cuisine, son état d’esprit, ce qu’il aime. On commence autour d’une idée, d’un voyage, … on affine et on fait du sur-mesure.

  1. Quelle est votre vision de la porcelaine en France ?

3Il y a beaucoup de choses à faire, des territoires à explorer. La céramique peut trouver une application hors des arts de la table.
La porcelaine véritable, travaillée dans les régles, est applicable aux arts de la table, mais aussi aux luminaires, à l’architecture. Elle a beaucoup d’avenir.Ses qualités, ne l’oublions pas sont la finesse, la transparence, sa belle tenue au feu. Sa résistance mécanique, nettement supérieure à celle des faiences ou des grès est dûe non seulement aux minèraux qui la composent mais aussi à sa cuisson à 1400°. C’est un matériau rare et exceptionnel dont la fabrication est chère. Chère en coût energétique mais aussi en process de fabrication et en humain. Notre qualité de vie et nos exigences salariales sont aux antipodes des pays émergents.
Pourtant je suis convaincue que la porcelaine a encore de l’avenir :
– En conservant une éthique de l’emploi et de la transmission de savoir-faire en Europe.
– En étant créatif, innovant, et en cherchant à se développer sur le territoire en respectant nos clients.

  1. Mis à part les objets des arts de la table, quels produits proposez-vous pour nos maisons ?

J’ai déposé un brevet pour le Moucharabieh(1) en porcelaine en 2001. Je développe aussi un projet pour un luminaire avec une grosse entreprise d’arts décoratifs. Nous faisons également des vases et des pièces de collection limitée, qui allient différentes techniques autour de la porcelaine.

  1. Des arts de la table, qu’est-ce qui vous a poussée à passer dans le domaine de l’innovation
5
Création 2001 Sylvie Coquet – Feeling’s vase perle d’eau COLLECTOR-SCULPTING fait main / porcelaine de limoges. Photo : F.Mouveroux

J’aime la création, et je voulais montrer qu’une assiette n’était pas seulement carrée ou ronde. Dans les années 1980, sur les listes de mariage, les jeunes mariés avaient peur de la fragilité de la porcelaine. Je voulais donner l’envie aux gens de « cajoler » les formes, de manger différemment. Contrairement à une assiette plate, je visais la convivialité, une autre approche de l’art de table. Je voulais travailler sur les comportements des gens et créer une ambiance générale qui passe par les sens, et pour moi, le contenant fait travailler les sens. Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir pour s’adapter aux cuisiniers…

  1. Concernant le « Sculpting(2) », pourquoi vouloir faire apparaître cette technique dans la porcelaine ?

Pour son caractère innovant dans sa manière de modifier la lumière, de créer des ambiances. Il s’agit de prouver qu’on est capable de faire de la porcelaine très fine, ajourée. C’est de la dentelle, de la lingerie féminine en porcelaine pour laquelle le matériau est travaillé de multiples façons.

  1. Vous avez obtenu le label « Entreprise du patrimoine vivant » en 2008, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

 

Ce n’est pas un label « franco-français », mais il est reconnu dans notre pays. Il certifie une éthique, une qualité, un savoir, une transmission des savoirs. Il permet de reconnaître qu’on a des savoir-faire uniques pour des pièces originales.
Il serait judicieux que Les entreprises fabriquent en France pour innover et transmettre. Or, ce label est valable pour cinq ans. Il faut donc se renouveler tous les cinq ans pour le conserver, en gardant une certaine éthique de l’entreprise. Limoges est une ville de savoir-faire et d’Histoire. Je veux montrer qu’on peut travailler en France, à la main, être rentable, payer correctement ses salariés et les motiver. Ce sont les petites entreprises françaises, dans tous les domaines, avec de petites équipes, qu’il faut encourager. Ainsi, on garantira l’embauche des nouvelles générations. Les secrets de fabrication en France garantissent la pérennité des emplois en France. Avant, les gens venaient à Paris pour découvrir les nouveautés ; maintenant, on peut voir les mêmes choses à Dubaï et ailleurs. Il faut donc cultiver notre différence et nos talents français.

  1. 4
    Création 2001 Sylvie Coquet Feeling’s Vase Cône feuilles de gingko – Collector – fait main / porcelaine de Limoges et or 24 carats Vase Cône New York / Collector – fait main / porcelaine de Limoges et platine 24 carats. Photo : F.Mouveroux

    Vos perspectives s’orientent plutôt vers l’architecture, les nouvelles technologies et les nouvelles énergies. Quels sont vos objectifs dans ces domaines ?

On a une conscience écologique dans notre processus de fabrication, on ne pollue pas, on n’utilise pas de produits chimiques.
On va ainsi créer des assiettes qui résistent au froid pour les stations de ski. On va donc travailler sur l’isolation.
Par ailleurs, on souhaite s’investir dans le milieu rural, créer des synergies sur toutes les richesses, développer les choses sur ce qu’on a dans nos campagnes, en travaillant avec les mairies, les hôpitaux, les écoles. Je veux m’investir sur le plan local et créer des passerelles pour les jeunes en difficulté. On est capables de faire de belles choses, même en pleine campagne ! Il faut créer des vocations, ça marche ! Le vrai luxe met en évidence un savoir-faire rare qui mérite des soins importants et du temps.. Les jeunes ont du potentiel, nous avons un rôle énorme pour les former et les motiver. Au fil de mes rencontres, j’ai réalisé que partout en Europe, on pense la même chose sur la transmission des savoirs et de l’économie : on recherche une éthique, la qualité des produits, la qualité de vie, le travail au niveau local.

  1. …. et dans un deuxième temps, votre actualité.
6
Création Feeling’s Sylvie Coquet Service Recevoir 2003- porcelaine de Limoges et or 24 carats fait main Photo : feeling’ s Sylvie coquet

Je vais aussi travailler sur les maladies psychiques, la luminothérapie, et faire un totem pour une école avec la participation des enfants. .. J’ai de nombreux contacts en Suisse, et j’ai fait de belles rencontres en Suède. Globalement en Europe, on se concentre sur le souci de l’économie d’énergie, mais c’est un travail colossal.

Julie Tardieu

(1) Peut être utilisé en porte ou en cloison.
(2) Nouveau procédé de micro-perçage de la matière développé et breveté par Sylvie Coquet pour faire des effets de dentelle de porcelaine

Haut de page, Assiette « TERRE » création 2009 Sylvie Coquet / Feeling’s
Photo : Mathilde Fuzeau

Pour en savoir plus…
Sylvie Coquet/Feeling’s
Tél : 05 55 09 61 28
feelingsylviecoquet.com

Vous aimerez aussi ...
Image-a-la-une-Gueret

Les Monts de Guéret

A la frontière entre le pays d’oïl et le pays d’oc, faisant partie de l’ancien Comté de la Marche, les Monts de Guéret s’étendent entre les vallées de la Gartempe et de la Creuse.

Image-a-la-une

Stéphane Bonneau Modeleur sur porcelaine

” Ce que j’aime particulièrement dans mon métier, c’est la diversité des différentes techniques qu’il implique comme le modelage, le tournage, le tournassage, le traînage, la gravure, la sculpture…. Chaque projet est une nouvelle aventure en soi et c’est ce qui rend ce métier passionnant “