A Joserand c’est un peu comme chez Lewis Carroll. On s’assoit sur des chaises «Pensée», et les colombes tournent les aiguilles des pendules ! Et si on passe de l’autre côté du miroir, on s’aperçoit qu’ici la vie de château est à l’image de sa châtelaine,

Joy de Rohan Chabot, qui fit de son fief, le bonheur de réinventer la Nature qui l’entoure, aux confins de l’Auvergne et du Bourbonnais. L’orangerie du château transformée en atelier, s’ouvre sur un parc à l’anglaise, dominant la Morge et le bois des lapins qui invite à l’inspiration.

Bien longtemps après l’austère connétable, Archambaud de Bourbon, au XIII e siècle, qui hommageait, ici, pour son bien à l’évêque de Clermont, Joserand est devenu le royaume des poufs «Scarole» et autres laitues confortables ! Tout ce que touche Joy de Rohan Chabot devient féerie Végétale.

Faune et Flore se conjuguent avec élégance, voir onirisme. Une chouette vous scrute sur la branche d’un lampadaire, les poissons rouges nagent là où on ne les attend pas… Mobilier et objets sont toujours un hymne à cette nature bienveillante. Sachant maîtriser le fer, autant que le verre, ou la laque, son dessin a séduit aussi la mode (Dior Lanvin), et les Arts de la table avec Bernardaud et la Porcelaine de Paris.

Le minimalisme ? très peu pour elle. À Joserand, sous son pinceau, les oiseaux chantent, les papillons volent, et les chats admirent !
Les veillées ne sont jamais très longues, car il y a toujours une exposition à préparer. Récemment pour Art Paris au Grand Palais.
Prix des Arts Décoratifs en 1987 décoratrice des Régine Clubs à travers le monde, jusqu’où la nature l’inspirera t -elle ?
Aussi longtemps que les jardins auront une âme et que la nature sera à la mode c’est-à-dire toujours …

Marie-Thérèse JOLY

JOY DE ROHAN-CHABOT

Questionnaire-découverte 

- Quel est le ou les jardins au monde qui vous ont le plus enthousiasmé ?                                  

Des jardins dans la littérature, tous ceux décrits par Colette et l’extraordinaire jardin dans la faute de l’abbé Mouret de Zola.

- Quel est l’endroit de votre jardin où vous aimez vous réfugier ?

Parmi les salades, dans mon potager.

- Enfant que vous apportait le jardin ?                                                                                                                     

J’étais une enfant solitaire et je parlais plus volontiers aux plantes et aux insectes qu’aux personnes.

 - En quoi la nature est-elle votre confidente privilégiée ?

Je me retrouve sur la même longueur d’onde avec toute sa force et toute sa fragilité.

 - Les animaux de la forêt en Auvergne que vous aimez ?

J’aime les faucons crécelles, les chouettes, j’aime les corbeaux, j’observe aussi les pigeons qui viennent pondre et couver dans ma lingerie, et je nourris les oiseaux. En fait, j’aime tous les animaux, en particulier les « plumeux » et les « poilus ».

- Les fleurs que vous adorez sur votre table?

Actuellement je suis fascinée par les graminées et les modestes plantes de bord de route.

- Votre plus beau souvenir de jardin ?

Très petite, chez ma grand-mère, l’odeur des roses thé après la pluie. C’est ma madeleine de Proust.

- Vers quelle époque avez-vous été portée à créer du mobilier de jardin ?

Il y a quinze ans pour la boutique Lanvin, un mobilier de jardin d’hiver. J’aime amener par le mobilier, le jardin dans la maison.

- Vous aimez peindre et sculpter le jardin mais aimez-vous jardiner ?

J’aime énormément jardiner et suis très bon jardinier, avec la chance d’avoir la main verte.

- Votre réalisation, faisant partie de l’exposition, dont vous êtes fière ?

Je ne suis fière de rien, mais j’aime particulièrement les chaises pensées.

Joy de Rohan-Chabot

Les Jardins Immobiles