Nous sommes au pays de Jacques Cœur, et ici, à vaillants jardiniers rien d’impossible !
Ces jardiniers et maraîchers de l’antique Avaricum qui ont défié les marais insalubres pour en faire un coin de Paradis. L’été, dans la nuit des Marais, les barques illuminées glissent sur l’Yèvre et la Voiselle, dans la féérie nocturne des lampions accrochés aux jardins. On a sa barque comme d’autres ailleurs leur gondole… Barques, véritable marché flottant, lors du Téléthon.
Au fil de l’histoire, c’est dans ces marais, qu’en 52 avant JC, les légions romaines se sont enlisées y laissant leurs caligas !
Quelques siècles plus tard, en 1640, les échevins de Bourges contraints et forcés de renflouer les caisses vides du Roi Louis XIII, tout à sa guerre de 30 ans, décidèrent de vendre ces biens communaux aux Jésuites, qui les louèrent aux maraîchers. Vers 1679 on comptait près de 70 maraîchers qui firent œuvre d’assainissement des prairies, drainèrent et mirent en culture. Avec la Révolution, ces biens devinrent Biens Nationaux et le nombre de propriétaires augmenta considérablement.
Du marécage au pacage, on est passé au jardinage et à la « jardinothérapie » si l’on en croit Jean Claude et Régine, nouveaux venus aux Marais.Pas Bithuriges Cubi pour un sou, ils n’en n’ont pas moins pour cela épousé l’esprit du Marais.
Mais Régine, c’est quoi l’esprit du Marais ?
« C’est le sens du bien commun, de l’environnement, l’amour des beaux coulants, l’échange des bons plans avec son voisin. »
Amoureux de leurs légumes, ils les partagent aussi avec la Banque alimentaire.
Candide n’a probablement jamais autant cultivé son jardin que dans les marais de Bourges !
Et, même si les moulins comme celui de Messire Jacques ne tournent plus, même si Bernard Marronnier, Mémoire des Marais, soupire que les crues ne sont plus ce qu’elles étaient et que jadis il y avait moins de ragondins ( catalogués indésirables dans la Charte du Marais), ce site classé en 2003 grâce à la LPO, Nature 18, et SPPEF, n’en demeure pas moins une merveille du genre.
Il y est recommandé de planter des saules blancs taillés en têteau qui feront de belles et bonnes bourdes ! Sont bienvenus aussi les poiriers. Par contre la Charte invite à traquer sans relâche la jussie et le myriophylle. Mal vus aussi le bambou et la renouée du Japon. Pour le reste, il parait que l’on cultive tout, y compris des cacahuètes ! Les associations sont sur le terrain et veillent à ce que l’eau, ce bien commun si fragile, soit sous contrôle permanent. Patrimoine Marais propose même des cours de bourdage pour les maraîchers débutants afin de leur éviter de faire des ronds dans l’eau, tandis que l’AMB publie trimestriellement « Mémoires de marais »…
Mais au-delà du binage, du fascinage, du faucardage, il y a la convivialité. Partager un peu de sa cabane, un brochet, refaire le monde vu du Marais.
C’est-à-dire loin du monde, à dix minutes de la cathédrale…
Se restaurer,La Courcillière au cœur du marais
Dans le Marais, situé au nord de la rue des Ribauds, La Courcillière a eu 100 ans en 2006. L’établissement, tout d’abord comptoir des maraîchers, ne proposait que vins et liqueurs. En 1920, le comptoir s’agrandit sur une superficie de 6 ares 92 centiares. Mais ce n’est qu’en 1921 qu’il est baptisé du nom de La Courcillière. En 1965, Licette Eberhardt rachète les lieux et les transforme en restaurant. Depuis 1987, Denis et Annie Julien sont aux fourneaux. Il faut y aller pour leur cuisine gourmande du Marais et leur spécialité, les couilles d’ânes !
La Courcillière Rue de Babylone. Bourges
Visite guidée avec Thérèse Legras
Tel : 02 48 23 02 60
Association AMB
Tel :02 48 21 30 63
Patrimoine Marais
Tel :02 48 65 25 57
A lire « Le Marais de Bourges » de Roland Narboux
Location et vente de marais
France Camuzat
Tel : 02 48 21 30 63
Document Michel Melin